À Northampton, à la fin du XIXe siècle, le cuir n’était pas un simple matériau : il s’insinuait jusque sous les ongles d’un ouvrier sur deux. Sur une porte discrète, deux noms sobres s’affichent : Crockett et Jones. Ni héritage doré, ni lignée tapageuse. Juste une alliance, deux mains tannées par le travail, et l’obstination d’une famille à bâtir leur place.
Un siècle et demi plus tard, les souliers façonnés dans cette même ville foulent les moquettes de Tokyo, s’imposent à New York, s’invitent sur les tapis rouges. La tradition n’a pas été reniée, juste déplacée avec doigté. Le savoir-faire, jalousement gardé, n’a jamais cédé à la facilité, mais s’est aventuré hors des sentiers battus industriels.
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Plan de l'article
Une saga familiale au cœur de l’artisanat britannique
L’histoire commence avec deux hommes : James Crockett et Charles Jones. Nous sommes en 1879, Northampton vibre au rythme du cuir et des machines. Ces deux-là signent la naissance de Crockett & Jones. Depuis, la maison n’a jamais quitté le cercle familial. Cinq générations se sont succédé. Aujourd’hui, Jonathan Jones, descendant direct, veille à l’héritage tout en injectant une bonne dose de modernité.
L’entreprise se vit en famille. Philippa Jones pilote les exportations, tissant des ponts entre Northampton et le reste du monde. Oliver Jones part en éclaireur sur de nouveaux marchés. Chacun occupe sa place, des ateliers historiques jusqu’aux bureaux d’aujourd’hui : une organisation presque chorale, où chaque voix compte.
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Ce qui fait la rareté de Crockett & Jones, c’est cette transmission sans rupture, ce fil tendu à travers le temps dans le paysage de l’artisanat britannique. Les chaussures anglaises gardent leur accent d’origine, une exigence qui ne se négocie pas. Jean-Dominique Luciani, à la communication, met en récit ce que la famille façonne en cuir : un héritage vivant, fait de gestes précis et de mémoire partagée.
Voici ce qui distingue leur parcours exceptionnel :
- Crockett & Jones a vu le jour en 1879
- La maison reste une aventure familiale, menée aujourd’hui par la cinquième génération
- La transmission, véritable fil conducteur, protège l’intégrité du savoir-faire
Comment Crockett and Jones a conquis le monde ?
Le rayonnement international de Crockett & Jones ne doit rien au hasard. L’exportation y est pensée comme une partition millimétrée : 65 % de la production traverse les frontières chaque année. Le Japon et les États-Unis, deux marchés réputés exigeants, raffolent de ces chaussures anglaises haut de gamme. À Northampton, la qualité ne s’est jamais effacée devant la quantité. Chaque paire exportée porte la marque d’un savoir-faire farouchement préservé.
À Paris, la boutique de la rue Chauveau-Lagarde rivalise d’élégance avec celle de Jermyn Street à Londres ou l’adresse new-yorkaise. Treize boutiques dans le monde, mais la marque n’a jamais cédé à la tentation du commerce en ligne à marche forcée : jusqu’en 2020, impossible d’acheter sur Internet. Il fallait venir, toucher, essayer, faire du choix de la chaussure un vrai rendez-vous.
La notoriété de Crockett & Jones s’est aussi construite grâce à des collaborations de prestige, avec Ralph Lauren ou Paul Smith qui leur ont confié la réalisation de modèles exclusifs. Et lorsque James Bond, version Daniel Craig, enfile des souliers de la maison britannique, la marque prend une toute autre dimension.
Quelques repères pour mesurer leur réussite internationale :
- Chiffre d’affaires annuel : environ 34 millions d’euros
- Production : 120 000 paires par an
- Partenariats avec des spécialistes comme Upper Shoes à Lyon et Paris
Les secrets d’une longévité exceptionnelle dans l’industrie de la chaussure
La longévité de Crockett & Jones s’écrit au quotidien, dans l’atelier de Northampton où chaque paire de derby ou de richelieu exige patience et précision. Depuis 1879, la maison résiste à la standardisation. 120 000 paires sortent chaque année des mains de quatre cents artisans, héritiers d’un artisanat britannique qui ne transige pas avec les gestes ni avec la qualité des machines, parfois centenaires.
La solidité des chaussures Crockett & Jones commence avec une sélection rigoureuse des matières. Le cuir Cordovan, prisé pour sa douceur et sa résistance, habille certains modèles phares. Le montage Goodyear, ou Storwelt pour les connaisseurs, garantit une robustesse hors pair et rend chaque soulier ressemelable à volonté. Cette technique, marque de fabrique de la chaussure anglaise, s’accompagne d’un service de cordonnerie et de ressemelage qui prolonge la vie des modèles, saison après saison.
Modèles iconiques et innovation maîtrisée
Quelques exemples de cette capacité à conjuguer tradition et renouvellement :
- La bottine Chukka, best-seller depuis l’après-guerre, avec la forme 224 produite sans interruption depuis 1953
- Le Camden, mocassin pensé pour la décontraction, cousin moderne du Cavendish
- Des collaborations sur-mesure avec le bottier Dimitri Gomez à Paris
Chaque saison, la maison revisite ses classiques, propose des variations subtiles et démontre que fidélité et exigence peuvent cohabiter sans s’effriter. Voilà la recette d’un succès qui traverse les modes.
Ressources et pistes pour s’inspirer de leur histoire dans l’écriture de votre roman
Northampton, Angleterre. Transformez cette ville industrielle en décor vibrant : brume accrochée aux toits d’ardoise, martèlement sourd des machines, odeur de cuir dans les rues pavées. L’atelier Crockett & Jones, né en 1879, devient alors un personnage à part entière. Imaginez une fresque familiale autour de la famille Jones, chaque génération incarnant un chapitre de l’artisanat britannique : transmission des secrets, conflits muets sur la succession, fierté jalouse d’une maison restée indépendante.
Pimentez l’intrigue avec la transformation de l’industrie de la chaussure : la concurrence internationale, la tentation du bas coût, la résistance à la délocalisation. Croisez les trajectoires d’apprentis bottiers, d’héritiers partagés entre tradition et ambition, de femmes comme Philippa Jones qui s’imposent dans l’export ou l’innovation. Un personnage inspiré de Jean-Dominique Luciani pourrait faire le lien entre atelier et monde extérieur.
L’univers de la marque chaussures britanniques offre une matière riche : collaborations avec Ralph Lauren ou Paul Smith, vitrines à Paris ou New York, pieds de James Bond. Faites résonner la noblesse du cuir, le soin du ressemelage, la fidélité indéfectible à Northampton.
Quelques pistes concrètes pour nourrir votre fiction :
- Consultez les archives locales et les biographies de bottiers pour bâtir la chronologie
- Rencontrez des artisans afin de saisir gestes et vocabulaire technique
- Visitez la boutique Crockett & Jones à Paris ou New York pour capter l’atmosphère actuelle
La saga familiale et la main transmise irriguent chaque chapitre de ce récit. D’une génération à l’autre, chaque paire vient ajouter sa pierre à la mémoire collective de toute une industrie anglaise qui, décidément, n’a rien perdu de sa superbe.